
MIXTE #35-G - SS2025 - WE WILL ALWAYS BE THOSE KIDS
“Je ne voyais aucune raison pour que l’enfance ne dure pas éternellement“, disait la créatrice britannique Mary Quant. Et à en croire les collections printemps-été 2025, les designers d’aujourd’hui ont décidé de lui donner raison. Que ce soit Bottega Veneta qui a imaginé une histoire de passage à l’âge adulte, Demna pour Balenciaga qui évoquait dans sa note d’intention le souvenir de ses premiers défilés organisés sur la table de la cuisine de sa grand-mère avec quelques bouts de carton, Coperni qui a investi l’univers féerique de Disneyland Paris, Acne Studios et ses silhouettes gonflées donnant l’impression de tenues de poupées, ou encore Moschino et Prada dont les collections redéfinissaient les règles et les convenances vestimentaires, la mode a clairement choisi de faire appel à notre enfant intérieur. Voilà pourquoi Mixte a choisi l’expression “We will always be those kids” comme thème de ce nouveau numéro. Une façon pour nous, ainsi que pour nos invité·e·s, de nous replonger dans notre imaginaire enfantin afin d’en extraire une ode à la joie créative, à la fantaisie sans limites et surtout à la liberté d’être soi, particulièrement à l’heure où le monde semble avoir perdu le peu d’innocence et d’insouciance qui lui restait. Un propos illustré dans ces pages par nos différentes séries mode comme celle de Fabien Montique où une bande de mannequins revit, entre balançoire, hula-hoop et trampoline, les joies des jeux de l’enfance, celle de Léa Worsmbach mise en scène dans une maison de poupées grandeur nature ou encore celle d’Olivia Frølich, qui voit une adulte s’habiller avec l’extravagance et l’inventivité d’une petite fille. De quoi faire écho aux interviews fleuves de Thom Browne, KidSuper, Imruh Asha et Danial Aitouganov de Zomer – tous connus pour être restés de grands enfants –, comme à celles de Marie Colomb, Malik Frikah, Julia Daka, Vuyo Mabheka, Duckwrth et Carla Genus, annoncé·e·s comme les nouveaux cool kids du cinéma, de l’art et de la musique. Cependant, ce retour à l’enfance ne serait pas complet sans nos enquêtes et décryptages qui se concentrent cette saison sur la nouvelle figure de l’“enfulte” dans l’industrie du film, la propension de la mode à entretenir notre âme d’enfant, notre obsession douteuse pour les doudous et autres peluches, ainsi que sur notre envie impérieuse de retourner vivre dans notre chambre d’ado. Finalement, comme le disait Marguerite Duras, peu importe ce que nous traversons, “il reste toujours quelque chose de l’enfance, toujours…”.
_ Antoine Leclerc-Mougne